Comètes

Série de dessins au pastel sec et pigments sur papier.




Comètes, 2023
Série de dessins au pastel sec et pigments sur papier, 10 x 10 cm chaque.


Cette série de dessins présente des ciels menaçants — menacés peut-être même. Percée de lueurs ascendantes, celle-ci révèle des strates successives de couleurs jusqu’à la matière du support.

Les gestes du dessin traversent le papier comme les missiles fendent le ciel. Les incursions sculpturales métaphorisent une voracité anthropique insatiable d’occupation de la troposphère.

Déjà peuplé de nombreuses chimères et météores, cet espace est encombré encore davantage par de nouveaux objets balistiques, chimiques et belliqueux.

Cependant, ces considérations viennent avant tout nourrir un imaginaire par les visions qu’elles produisent cherchant dans ces contradictions des éléments de travail à une recherche plastique entre dessin et sculpture. L’échelle des objets oblige le corps à se mouvoir un peu plus près du support.

Par cette agression du papier, le fond et la forme se répondent : les gestes du dessin deviennent ceux de la sculpture et ceux de la sculpture deviennent ceux du dessin.

L’apparente simplicité de cette série de comètes fait appel à une économie de moyen. Une économie dans l’espace, dans les outils, dans l’intention et dans l’esprit aussi peut-être.

Trois épingles par dessins fixés sur un mur, pas de cadre. Le pastel semble vulnérable certes, mais la possibilité de voir directement la matière, sans fard ni intermédiaire, m’intéresse. Rentrer dans une observation intimiste. Le dessin vit et prend des risques.

Cette proposition s’écrit sur un ton badin, guilleret presque enfantin. Le côté saugrenu quasi anecdotique du sujet me séduit et cet ensemble s’inscrit plus globalement dans ma recherche autour de tensions entre naturel et artificiel en abordant des sujets tels que l’exploitation du ciel et l’ensemencement des nuages.

Ainsi, j’ébauche à travers des faux semblants et des gestes simples, un espace intime des ciels fossoyés, fantasmés et artificialisés.

Manque d’espace, de temps, d’argent, pourquoi dépenser plus ? Cette série apparue dans un geste vif, presque furtif et désinvolte, dans un format minime, me semble répondre à cette question.

Dans une surenchère technologique, dont je suis le.a premier.ère à en apprécier les effets, les lumières, les couleurs vives et crues, ainsi que les possibilités infinies qu’elles permettent, le pastel sec, par son histoire et par sa matière, contraste et pondère cette surcharge de lumière.

© Copyright Marie Lannou, 2024, ADAGP, Paris
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